Pourquoi mourons-nous?
La question semble aussi lugubre que cocasse pour un lundi matin, mais elle envahit mon cerveau au point que ma bibliothèque ne cesse de s’étoffer de bouquins en tout genre traitant du sujet. C’est vrai quoi, pourquoi mourir quand on est doté d’un tel instinct de survie ? Pourquoi tant aimer la vie quant on sait qu’elle nous lâchera un jour ou l’autre, peut-être demain, peut-être aujourd’hui, sans vergogne, sans considération pour l’amour qu’on lui porte ?
Le dernier livre parcouru « biologie de la mort » aborde la mort sous un aspect purement scientifique. L’info la plus frappante est que nos cellules sont programmées pour ne se reproduire qu’un nombre de fois limité. La mort est donc ancrée dans nos gènes dés notre conception.
Et que penser des neurones ou encore des cellules cardiaques, que l’homme conservera de sa naissance à sa mort sans jamais qu’elles se renouvellent ? Nous sommes programmés pour mourir.
C’est donc que la mort à une utilité, que ce soit pour la préservation d’un équilibre mort/naissance afin que la planète n’explose pas sous la multiplication des espèces ou encore pour « nettoyer » les populations de ses membres vieillis et inutiles puisque incapable de se reproduire passé un certain âge. Car voilà ce qui ressort de ce bouquin : nos corps seraient en quelque sorte des vecteurs de nos gènes. Conçus pour transporter notre ADN au travers des âges, et éliminés quand ce transport ne peut plus être effectué techniquement.
D’ailleurs, l’âge où l’on meure le moins statistiquement, est l’âge où la fécondité est à son maximum. Dans le règne animal, les espèces à la plus grande longévité, sont celles qui sont capables de se reproduire avec la même efficacité jusqu’à leur dernier jour (c’est le cas de la baleine ou encore de la tortue des Galápagos qui peut facilement passer le siècle d’existence) L’homme dont le capital reproductif s’étiole à partir de 40ans (c’est surtout valable pour la femme), n’aurait donc plus grande utilité pour son espèce passé cet âge.
Chaque fois que l’homme, en laboratoire, a tenté de modifier l’ADN de certaines espèces d’insectes (comme la mouche Drosophile) pour les rendre « immortelles », et qu’ainsi leur durée de vie s’est vue augmentée jusqu’à parfois 50%, une fois le groupe test relâché, la sélection naturelle s’est empressée de modifier à nouveau cet ADN pour le rendre raisonnablement « mortel ». Ainsi, les générations qui suivent le groupe test retrouvent rapidement une mortalité « normale ». La nature rejetterait donc l’immortalité car elle serait un danger potentiel pour notre planète.
Cela rend –il la mort plus acceptable pour autant ? Et quand bien même nous ne serions plus utiles une fois notre fécondité amoindrie, pouvons nous accepter avec sagesse et résolution d’être purement et simplement éliminés du circuit car improductifs et envahissants ? Franchement, c’est un peu ce que l’on ressent dans notre société où il ne fait pas bon vieillir et où l’on abandonne nos vieux dans de sordides mouroirs, voire pire, dans la solitude de leur petite vie devenue inutile et encombrante à une famille bien trop préoccupée de valoriser ses enfants, garants de la transmission du patrimoine génétique dans les générations futures. Ce besoin de se reproduire, instinctif et inné, explique aussi le drame vécu par l’humain stérile, dont la vie tout à coup semble n’être réduite qu’au néant puisqu’il ne restera plus rien de lui après sa mort. Car enfin, enfanter n’est-ce pas en quelque sorte rechercher le fantasme de l’immortalité ?
Bref, je n’en finirai pas de m’interroger à ce propos et vous livrerai d’autres observations recueillies au cours de mes lectures.
Votre propre conception de la mort sera la bienvenue pour éclairer ma lanterne, et d’ici là, portez vous bien.